La naturopathie propose depuis longtemps des solutions naturelles pour soutenir l’équilibre hormonal. Ces dernières années, l’inositol se distingue comme une molécule aux multiples bienfaits, notamment dans la prise en charge du SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) et l’optimisation de la fertilité. Cet article s’appuie sur une revue de la littérature scientifique pour vous présenter en détail comment le myo‑inositol et le D‑chiro‑inositol agissent en synergie dans une approche naturopathique.
Qu’est‑ce que l’inositol ?
Autrefois classé parmi les vitamines (vitamine B7), l’inositol est en réalité un polyol cyclique naturellement synthétisé à partir du glucose. Il se présente sous neuf formes isomériques, dont les deux plus étudiées sont le myo‑inositol (MI) et le D‑chiro‑inositol (DCI). Dans le plasma, le rapport MI:DCI est d’environ 40:1, tandis que dans le liquide folliculaire, ce ratio peut atteindre 100:1.
Des isomères sont des molécules qui présentent la même formule brute, les mêmes composants. Dans le cas présent, la formule de nos 2 isomères : le myo-inositol et D-chiro-inositol est C6H12O6, ce qui est également la formule du glucose. Ceci écrit la structure et la représentation des isomères dans l’espace est différent ce qui va leur donner des propriétés différentes. Ci-dessous les deux isomères myo-inositol et D-chiro-inositol.

Les inositols ont 2 sources :
On le voit sur le schéma ci-dessus que les molécules se différencie uniquement par la position des groupements OH. Une ligne pleine signifiant que le groupement OH est situé dans l’espace vers l’avant et la ligne pointillés signifiant que le groupement OH est situé vers l’arrière.
- Exogènes : apporté en petite partie par l’alimentation : noix, fruits, légumes verts, graines…
- Endogène : fabriqué et synthétisé par le corps à partir du glucose
Quelles sont les rôles de l’inositol dans les troubles hormonaux ?
- Signalisation insulinique : En tant que composant des inositolphosphoglycanes, le myo‑inositol facilite la captation du glucose par les cellules et améliore la sensibilité à l’insuline. Cette action est essentielle pour les femmes atteintes du SOPK, qui présentent souvent une résistance à l’insuline. Un apport équilibré en MI et DCI aide à améliorer la réponse cellulaire à l’insuline, réduisant ainsi l’hyperinsulinémie.
- Fonction ovarienne : Le myo‑inositol agit aussi comme un second messager de la FSH (hormone qui stimule la maturation des follicules). Il favorise ainsi la maturation des ovocytes et régule le cycle menstruel. Parallèlement, le D‑chiro‑inositol intervient dans la synthèse des androgènes qui sont induit par l’insuline.
- Régulation de l’humeur : L’inositol participe également à la modulation des neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine).
- Amélioration du profil lipidémique : Réduction du mauvais cholestérol (LDL), réduction des triglycérides et amélioration du bon cholestérol.

Comment différencier le myo-inositol (MI) et le D-chiro-inositol (DCI) ?
Myo-inositol (MI) | D-Chiro-inositol (DCI) |
Le plus abondant dans l’organisme (représente 99% des inositols) | Fabriqué à partir du myo-inositol par une enzyme, l’épimérase dépendant de l’insuline (1/40 du MI sera utilisé pour faire du DCI) |
Rôle clé dans le transport du glucose | Présent dans les tissus insulino-dépendant comme les muscles, tissu adipeux, tissu cardiaque |
Favorise maturation des ovocytes & la fertilité | Favorise la synthèse du glycogène et réduit l’hyperinsulinémie. |
Dans le cas du SOPK, les femmes qui présentent une résistance à l’insuline ce qui peut réduire la conversion de MI en DCI dans les cellules de tissus sensibles à l’insuline. Au niveau des ovaires, cette sensibilité à l’insuline n’est pas modifié. La conversion de MI en DCI est accéléré au détriment du MI.
L’inositol dans la prise en charge du SOPK et de la fertilité
Quel impact de l’inositol sur le métabolisme ?
Pour aller un cran plus loin dans les explications, voici comme l’inositol intervient dans le métabolisme.
L’inositol a un rôle important dans le métabolisme énergétique en jouant sur la signalisation de l’insuline. Il est essentiel de le considérer pour des femmes qui ont des troubles hormonaux et des difficultés à perdre du poids liés à une résistance à l’insuline comme c’est le cas pour le SOPK.
Pour illustrer son rôle simplement : Après un repas, le taux de sucre dans le sang augmente (glycémie). Le pancréas va alors sécrété l’insuline dont le rôle est de faire rentrer le sucre dans les cellules. Aux portes de la cellule, l’insuline agit comme une sonnette, signalant au myo-inositol (contenu dans la cellule) qu’il faut « ouvrir » pour permettre au sucre de passer. Le myo-inositol est donc un second messager de l’insuline. Une fois que le glucose est rentré dans la cellule, la glycémie baisse. Le glucose sera soit transformé en énergie, soit en glycogène (stock du sucre au niveau du foie et des muscles). L’excédent est stocké sous forme de gras.
Si le glucose n’arrive pas à pénétrer dans la cellule, le taux de sucre reste élevé et en conséquence le pancréas essaira de sécréter encore plus d’insuline. La supplémentation en MI et DCI (ratio 40:1) permet de restaurer cette réponse insulinique et de rééquilibrer le métabolisme.
L’inositol dans le cas du SOPK a tout son intérêt quand la résistance à l’insuline est bien présente. Ce point est à vérifier via une prise de sang et la mesure de l’indice HOMA-IR.
Quel impact de l’inositol sur la fertilité féminine et masculine?
Chez la femme :
Le myo‑inositol stimule la production de progestérone et de FSH, favorise la maturation folliculaire et aide à rétablir des cycles réguliers.
Chez l’homme :
L’inositol joue également un rôle dans la spermatogenèse en améliorant le nombre et la motilité des spermatozoïdes.
Quel impact de l’inositol sur le SOPK ?
Le SOPK se caractérise par une dérégulation hormonale, une résistance à l’insuline (chez 70% des femmes touchées par le SOPK), un excès de stress oxydatif et des cycles menstruels irréguliers.
Rapide rappel sur les hormones impliquées dans le SOPK : La FSH, l’hormone folliculo-stimulante va favoriser le développement des follicules. La LH, l’hormone lutéanisante va favoriser la libération de l’ovule. Dans le cas du SOPK le rapport FSH / LH est souvent inversé avec un excès de la LH, qui produite en excès, va favoriser la production d’androgène.
Un excès d’insuline va jouer 3 rôles principaux dans l’aggravation du SOPK :
- augmentation de la production d’androgènes au niveau des glandes surrénales
- augmentation de la production d’androgènes via la stimulation de la LH
- réduction de la protéine fabriqué par le foie (SHBG) qui est le transporteur des androgènes (Pour bien comprendre, lorsque la SHBG est lié aux androgènes, elle inactive l’hormone.)
Les myo et D-chiro inositol vont participer à la réduction de ces problématiques notamment en réduisant l’insulinémie.

Newsletter Aide SOPK
Si tu as des questions sur ton SOPK, j’ai édité une série de newsletters sur le sujet. En tout : 5 emails pendant 10 jours qui visent à répondre aux questions que l’on me pose le plus souvent sur le Syndrome des Ovaires Polykystiques.
Quel impact de l’inositol en PMA ?
Dans le cadre de la PMA (procréation médicalement assistée), la supplémentation en inositol a permis de réduire la dose de FSH nécessaire à la stimulation ovarienne et d’améliorer la qualité des embryons, conduisant à une augmentation des taux de grossesse spontanée ou assistée.
« Comme le montrent de plus en plus d’essais, la supplémentation en MYO améliore la qualité ovocytaire en réduisant le nombre d’ovocytes dégénérés et immatures, augmentant ainsi la qualité des embryons produits. » Lien vers l’étude
Inositol & naturopathie
Dans le cadre d’une approche naturopathique intégrée, la prise en charge du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et de la fertilité ne se limite pas à la supplémentation en inositol. Le naturopathe élabore un plan personnalisé qui englobe plusieurs aspects essentiels pour optimiser les résultats et améliorer le bien-être global de la patiente.
Quel inositol choisir ?
Le conseil à retenir : toujours s’intéresser à la forme, la composition, le dosage et le mode de prise d’un produit.
Le choix de compléments alimentaires adaptés est primordial. Il s’agit de privilégier des produits de haute qualité, exempts d’additifs nocifs, et ayant une bonne biodisponibilité. La biodisponibilité c’est la capacité du produit à être absorbés et utilisés efficacement par l’organisme. Par exemple, pour l’inositol, il est recommandé d’opter pour des formes pures et naturelles, issues de processus de fermentation douce, garantissant une absorption optimale.
Concernant le dosage, un chercheur italien a identifié ce qu’il appelle le « paradoxe du D‑chiro‑inositol » : un excès de DCI par rapport au MI peut nuire à la maturation des ovocytes. Le ratio optimal à respecter est donc de 40:1. Idéalement, il faudrait prendre 1,1g de MI et 27,6mg de DCI.
Attention également à certaines poudres à diluer qui sont à base de maltodextrine. Ce produit a un index glycémique particulièrement élevé. Il est donc à éviter pour les femmes touchées par le SOPK et présentant une résistance à l’insuline. D’autant plus qu’on recommande la prise de l’inositol à jeun.
L’inositol seul ne suffit pas !
Les compléments alimentaires ne constituent qu’une toute petite partie de l’approche en naturopathie. Une hygiène de vie saine est indispensable pour potentialiser les effets des suppléments et favoriser un équilibre hormonal durable. Cela inclut :
- Alimentation équilibrée : Adopter une alimentation anti-inflammatoire, riche en nutriments essentiels, en limitant les sucres raffinés et en favorisant les aliments à faible indice glycémique pour améliorer la sensibilité à l’insuline .
- Activité physique régulière : Pratiquer une activité physique adaptée contribue à réguler le poids, améliorer la sensibilité à l’insuline et réduire le stress, facteur impliqué dans le SOPK.
- Gestion du stress : Mettre en place des techniques de relaxation, telles que la méditation ou le yoga, pour diminuer le stress, qui peut exacerber les déséquilibres hormonaux.
- Sommeil réparateur : Veiller à une qualité de sommeil optimale, essentielle pour la régulation hormonale et le bien-être général.
La prise en main du SOPK et de la fertilité en naturopathie s’appuie donc sur un ensemble de conseils. Si vous souhaitez en savoir plus sur mon accompagnement SOPK et naturopathie, je propose des appels découvertes gratuits.
Inositol & SOPK : la conclusion
L’inositol, et plus particulièrement le myo‑inositol associé à une faible dose de D‑chiro‑inositol (rapport 40:1), représente un complément naturel aux multiples bienfaits pour les femmes souffrant du SOPK. Son action sur la sensibilité à l’insuline, la maturation des ovocytes et la régulation hormonale en fait un allié précieux dans le soutien de la fertilité. Intégré dans une approche naturopathique globale, il contribue également à améliorer le bien‑être mental et à réduire l’inflammation.
Etudes & ressources intéressantes autour de l’inositol, de la fertilité et du SOPK :
Tabrizi, R. et al. (2018). The effects of inositol supplementation on lipid profiles among patients with metabolic diseases. Lipids in Health and Disease, 17(1), 123. DOI
SOPK : mieux comprendre pour mieux traiter. (2024, 10 février). REVUE GENESIS. Lien
Houlbert, A. Le régime SOPK, 2023, Editions Thierry Souccar
Kalra, B., Kalra, S., & Sharma, J. B. (2016). The inositols and polycystic ovary syndrome. Indian Journal of Endocrinology and Metabolism, 20(5), 720. DOI
Iuorno, M. J. et al. (2002). Effects of D-Chiro-Inositol in Lean Women with the Polycystic Ovary Syndrome. Endocrine Practice, 8(6), 417‑423. DOI
Laganà, A. S. et al. (2018). Inositol in Polycystic Ovary Syndrome: Restoring Fertility through a Pathophysiology-Based Approach. Trends in Endocrinology and Metabolism, 29(11), 768–780. DOI
Briden, L. (2022, 27 novembre). Inositol for Mood, Sleep, and PCOS (Polycystic Ovary Syndrome). Lara Briden – The Period Revolutionary. Lien
Croze, M. (2013, 27 novembre). Study of the insulin-sensitizing effect of myo-inositol in mouse. Lien
Rolland, A., & Dewailly, D. (2015). Intérêt du myo‑inositol dans le syndrome des ovaires polykystiques. Médecine Thérapeutique, 17(3), 186‑192. DOI
Simi, G. et al. (2017). Inositol and In Vitro Fertilization with Embryo Transfer. International Journal Of Endocrinology, 2017, 1‑5. DOI
Condorelli, R. A., La Vignera, S., Mongioì, L. M., Cimino, L., Calogero, A. E., VITALE, S., & LAGANÀ, A. (2017). Myo-inositol as a male fertility molecule: speed them up!. European Review for Medical & Pharmacological Sciences, 21. Lien