Le trouble dysphorique prémenstruel (TDMP) se caractérise souvent en « syndrome prémenstruel très intense ». Il est pourtant important de bien différencier les 2 troubles, car la sévérité des symptômes ressentis dépassent les changements d’humeurs que peuvent ressentir les femmes touchées par le SPM (syndrome prémenstruel). Dans cet article, j’aborde le trouble dysphorique prémenstruel en naturopathie, mais j’insiste sur la nécessité d’un accompagnement complet, notamment psychologique.
📓 Définition du trouble dysphorique prémenstruel
Le syndrome dysphorique prémenstruel (SDPM) est une forme sévère du syndrome prémenstruel (SPM) qui affecte une petite proportion de femmes en âge de procréer. Il se caractérise par des symptômes émotionnels et physiques intenses qui surviennent peu de temps après l’ovulation et qui s’améliorent rapidement après le début des règles (1).
Les caractéristiques essentielles du TDPM à retenir sont :
- une anxiété et une irritabilité importante
- un début des symptômes à la phase lutéale et un arrêt à la phase folliculaire.
Je vous invite à lire mon article sur le cycle féminin si vous avez besoin de faire le point sur les différentes phases du cycle et les hormones impliquées.
« À noter que l’incidence du TDPM se situerait autour de 3 à 8% des femmes en âge de procréer » (2)
🙇♀️ Les symptômes du TDMP
Les symptômes sont suffisamment sévères pour interférer avec le travail et les activités sociales
Parmi les symptômes :
- Changements d’humeur sévères : dépression, irritabilité, colère, crise de larmes, anxiété, tension.
- Symptômes physiques : fatigue, gonflement ou sensibilité des seins, douleurs musculaires ou articulaires, maux de tête, et prise de poids due à la rétention d’eau.
- Difficultés de concentration : problèmes de concentration et de mémoire.
- Problèmes de sommeil : insomnie ou besoin excessif de sommeil.
- Appétit et comportement alimentaire : fringales ou perte d’appétit.
👩⚕️ Le diagnostic du trouble dysphorique prémenstruel
Le diagnostic du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) repose sur une évaluation médicale complète qui inclut plusieurs étapes. Je vous invite à consulter votre médecin traitant pour vous faire accompagner.
Pour le diagnostic, la patiente est souvent invitée à inscrire dans un journal sur au moins 2 cycles :
- la liste de ses symptômes
- la sévérité
- la durée
- le moment des symptômes en relation avec le cycle menstruel
Les critères du TDPM sont définis par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Pour un diagnostic de TDPM, au moins cinq des symptômes suivants doivent être présents la semaine avant les menstruations et commencer à s’améliorer dans les quelques jours après le début des règles, avec un impact significatif sur le fonctionnement quotidien :
1. Humeur dépressive marquée, sentiments de désespoir ou autodépréciation (idées de dévalorisation)
2. Anxiété marquée, tensions, impression d’être noué, tendu, nerveux
3. Labilité émotionnelle marquée (par exemple, brusque sentiment de tristesse, envie de pleurer, hypersensibilité au rejet)
4. Colère ou irritabilité marquée et persistance ou augmentation des conflits interpersonnels
5. Diminution de l’intérêt pour les activités habituelles (par exemple, travail, école et amis, loisirs)
6. Difficultés subjectives à se concentrer
7. Léthargie, fatigabilité excessive ou perte d’énergie marquée
8. Modifications marquées de l’appétit, hyperphagie, envie impérieuse de certains aliments
9. Hypersomnie ou insomnie
10. Sentiment d’être débordé ou perte de contrôle
Autres symptômes physiques tels que tension ou gonflement des seins, céphalées, douleurs articulaires ou musculaires, impression d’«enfler», prise de poids
Votre médecin doit aussi exclure d’autres conditions médicales ou psychiatriques qui pourraient expliquer les symptômes, comme les troubles dépressifs majeurs, les troubles anxieux ou les troubles hormonaux. Un accompagnement psychologique est souvent indispensable.
🌿 Le trouble dysphorique prémenstruel en naturopathie
🤲 Une prise en charge globale
Un des points essentiel pour moi et qui participe aussi à la prise en charge thérapeutique, c’est l’écoute, la compréhension et le soutien des femmes touchées. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les femmes touchées peuvent vivre chaque mois une dépression marquée qui impacte gravement leur vie.
Plus simplement dit : pendant la moitié de leur vie de femmes menstruées, elles vont vivre un trouble dépressif sur lequel elles ont la sensation de n’avoir aucun contrôle.
Le TDPM nécessite souvent un accompagnement pluridisciplinaire pour la gestion des symptômes, qui peut inclure des changements de mode de vie, des thérapies psychologiques, et parfois des traitements pharmacologiques.
La naturopathie peut être une approche utile, car elle vise justement à avoir globale en travaillant sur différents facteurs :
🥝 L’alimentation pour soulager le trouble dysphorique prémenstruel
🍳 Les neurotransmetteurs
Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’alimentation et la digestion jouent un rôle dans la synthèse des neurotransmetteurs. On s’intéressera notamment à la synthèse de 3 neurotransmetteurs : la sérotonine, la dopamine et le gaba.
1. La sérotonine
La sérotonine est un neurotransmetteur souvent appelé « hormone du bonheur« . Elle joue un rôle crucial dans la régulation de l’humeur, du sommeil, de l’appétit, et de la digestion. La sérotonine elle-même n’est pas présente dans les aliments, mais son précurseur, le tryptophane, l’est.
Le tryptophane est un acide aminé essentiel que le corps convertit en sérotonine. On le retrouve notamment la volaille, les œufs, les poissons, les oléagineux, les légumineuses…
2. La dopamine
La dopamine est un neurotransmetteur lié au plaisir, à la motivation et à la récompense. Elle joue également un rôle clé dans la régulation des mouvements et des réponses émotionnelles. La dopamine est synthétisée à partir de la tyrosine, un acide aminé présent dans de nombreux aliments : les produits laitiers, la volaille, le saumon, les betteraves, les épinards…
3. Le GABA
Le GABA est un neurotransmetteur inhibiteur qui joue un rôle crucial dans la réduction de l’excitabilité neuronale, aidant à calmer le cerveau et à réduire l’anxiété et le stress. Il peut être trouvé directement dans certains aliments, bien que certains nutriments soient essentiels à sa production : le thé vert (matcha), les bananes, les brocolis, les patates douces, les produits fermentés (kimchi, miso, tempeh)…
Côté digestion, il est important de s’assurer que tout fonctionne bien. La sérotonine est synthétisée majoritairement dans nos intestins. Une des approches de la naturopathie est de s’assurer que le transit est régulier et non perturber par une diarrhée et/ou constipation récurrentes. L’utilisation de psychobiotiques (probiotiques spécifiques) peut être intéressant pour diminuer l’inflammation et réguler la synthèse hormonale. (3)
🥬 Les cofacteurs
Côté alimentation, on s’intéressera également à la présence des cofacteurs qui permettent la synthèse de ces neurotransmetteurs. Parmi eux, on peut citer : le magnésium, le fer, le cuivre, le magnésium, la vitamine D, la vitamine C, la vitamine B6 et B12.
Pour bien comprendre pourquoi ces cofacteurs sont importants dans la synthèse des neurotransmetteurs, je vous invite à prendre le temps de lire le schéma ci-contre.
D’autres éléments sont importants dans votre alimentation, comme le magnésium ou les oméga 3. Je vous invite à faire un bilan alimentaire complet auprès de votre naturopathe ou de votre diététicien pour vérifier que votre alimentation est bien équilibrée.
Si vous souhaitez vous faire accompagner pour vous aider à mieux comprendre vos hormones et à intégrer une hygiène de vie et une nutrition adaptées au cycle, n’hésitez pas à me contacter. Je propose des appels découvertes gratuits pour vous expliquer comment je travaille.
🚴♀️ L’hygiène de vie
🚶♀️ L’activité physique
L’activité physique est un pilier essentiel de la naturopathie. Elle est particulièrement importante pour les personnes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel pour plusieurs raisons :
- L’exercice physique stimule la production de neurotransmetteurs comme la sérotonine et les endorphines, qui peuvent améliorer l’humeur et réduire les niveaux de stress et d’anxiété, deux symptômes courants du TDPM. (Attention toutefois aux exercices physiques intenses qui peuvent sur-stresser le corps.)
- Une activité physique régulière peut améliorer la qualité du sommeil, qui est souvent perturbée chez les personnes souffrant de TDPM.
- La pratique régulière d’une activité physique peut améliorer l’estime de soi et l’image corporelle, souvent affectées par le TDPM.
💓 La cohérence cardiaque
La cohérence cardiaque est une technique de respiration qui vise à réguler le rythme cardiaque et à améliorer l’équilibre du système nerveux autonome. L’exercice peut être bénéfique pour les personnes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel (TDPM).
La cohérence cardiaque aide à activer le système nerveux parasympathique, responsable de la relaxation et du repos. En réduisant l’activité du système nerveux sympathique, elle diminue les niveaux de cortisol (hormone du stress) et aide à gérer l’anxiété.
À noter que toutes ces propositions sont des conseils génériques. Pour une approche personnalisée de votre trouble dysphorique prémenstruel en naturopathie, je vous invite à me contacter.
Sources :
(1) En phase avec mes hormones, Marjorie Malgras
(2) https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2006/revue-medicale-suisse-52/le-trouble-dysphorique-premenstruel-diagnostic-et-strategie-therapeutique
(3) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1756464621003674